Vous êtes nombreux à vous demander comment avons-nous pu en arriver à la situation ou des salariés qui interviennent de nuit sont ceux qui se retrouvent en difficulté avec GHI avec des compteurs en négatif.
La direction se veut rassurante : les situations les plus difficiles seront traitées « au cas par cas avec bienveillance ». Cela n’empêchera pas le salarié de chercher à minimiser l’impact sur son compteur GHI, ce qui peut désorganiser sa vie privée ou celle de son conjoint.
Vous vous dites, pourquoi la CFTC qui revendique la pleine place de l’humain au cœur de l’organisation d’une entreprise a-t-elle signé pour un résultat au final si peu satisfaisant.
Nous avons signé l’accord d’astreinte parce qu’il apporte un cadre et une contrepartie claire aux salariés.
- Il apporte une rémunération raisonnable à la gêne que peut représenter un appel de nuit pour le salarié et sa famille.
- Il permet à l’entreprise de s’assurer (sur le papier) d’avoir le salarié compétent capable d’intervenir pour assurer la continuité de la production.
Il va de soi qu’appeler un « ami » qui ne touche pas l’indemnité d’astreinte, qui plus est la nuit, n’est pas inscrit dans l’accord et ne devrait jamais se faire. Soit on est d’astreinte et en capacité d’intervenir, soit on n’est pas joignable, droit à la déconnexion.
Nous avons signé l’accord sur les horaires individualisés (GHI) car il permettait une souplesse dans les horaires. Rappelons que les salariés doivent obligatoirement être présents sur la plage fixe, mais peuvent choisir librement leurs heures d’arrivée et de départ sur les plages mobiles et peuvent choisir l’heure de pause déjeuner sur la plage fixe entre 11h30 et 14h00. Ils peuvent lisser leur charge de travail sur deux mois s’ils le souhaitent.
Sur le papier ces deux accords sont corrects. Indépendamment l’un de l’autre, ils font sens aussi bien pour l’entreprise que pour les salariés. Malheureusement, on ne peut plus dire la même chose quand on voit l’articulation entre l’accord d’astreinte et l’accord GHI.
Cette articulation se fait au détriment des salariés. La direction impacte le compteur GHI des salariés intervenants la nuit qui doivent bénéficier de leur 11h00 de repos. Les salariés se retrouvent à devoir essayer de récupérer des heures sur les plages variables au détriment de leur organisation familiale.
Les heures « perdues » par le salarié pour satisfaire la contrainte légale de repos de 11h00 ne doivent pas être à rattraper par le salarié. Elles sont simplement perdues pour l’entreprise (Article L3121-50).
Nous avons signé ces accords, nous prenons nos responsabilités. Depuis près d’un an nous tentons d’intervenir auprès de la direction afin que les salariés ne soient plus les dindons de la farce lorsqu’ils interviennent de nuit.
Lors du dernier CSE, la direction sous la pression a fini par faire un pas dans le bon sens, peut-être aussi parce qu’il devient de plus en plus difficile de trouver des « volontaires ». Mais ce grand pas pour la direction, est en réalité un petit pas pour les salariés :
La direction souhaite offrir les heures de présence « obligatoire » (au sens GHI) aux salariés.
Ex : pour un salarié intervenant de 00h00 à 3h30 qui ne pourra reprendre son poste qu’à 14h30. Son compteur GHI sera prochainement crédité de la plage de présence obligatoire du matin de 2h00 (9h30-11h30) et de 30 minutes pour la plage l’après midi (14h00-16h00).
Vous remarquerez dans cet exemple que la direction considère que chaque salarié prend deux heures trente pour déjeuner lorsqu’il intervient de nuit alors qu’en moyenne la pause déjeuner ne dépasse pas l’heure ! Mesquinerie quand tu nous tiens…
Si ce salarié finit habituellement à 17h00, il se retrouve avec 2H30 « offertes » et 2h30 travaillées. Il lui reste donc 2h48 à sa charge pour avoir répondu présent lorsque l’entreprise a eu besoin de lui.
Les astreintes ne doivent pas devenir un sacerdoce.
Nous allons donc continuer à œuvrer afin de minimiser l’impact de l’articulation de ses accords sur la vie de collègues.